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NANCY A L’HOPITAL.

Nancy la cavalière est arrivée chez nous, sur son drôle de cheval aux yeux bleus très humains et aux longs cils.

Elle est partie chez Zia où, une semaine plus tard, elle a eu un accident (chute de cheval ? Ca arrive à tous les cavaliers), et s’est cassé la jambe. Carrément, la jambe droite en deux morceaux, à la hauteur du genou.

A l’examen, il est apparu que sa belle jambe articulée était fragilisée par une fracture précédente, « rafistolée » à la Super-Glue. Pas mal fait, ce n’était pas forcément une mauvaise idée, ça aurait pu tenir, mais … ça n’a pas tenu.

Alors, elle est entrée à l’hôpital, chez moi.

...
Et j’ai commencé la procédure.

L’étape 1 me rappelle toujours le commentaire de mon ami Francis, le garagiste : debout, immobile et les bras croisés devant le capot ouvert d’une voiture en panne, il me dit « on dirait que je ne fais rien, mais c’est maintenant que je travaille le plus ! »

L’étape 1, c’est de la réflexion, de la méditation, et encore de la réflexion. Avec moi, ça peut durer deux jours, voire trois. Je trie les actions possibles dans mon esprit, pour trouver la meilleure, sans savoir si je n’en oublie pas l’une ou l’autre, car à ce stade, elles sont encore toutes hypothétiques.

Ou bien, mais après mûres réflexions, carrément lui changer sa jambe.

Etape 2: observation & diagnostic


J’ai d’abord essayé la colle, comme l’avait fait la personne précédente. J’ai essayé à peu près tout ce que j’avais sous la main, sans trop y croire : colle polystyrène, colle à bois, une ou deux sortes de « Pattex » et même de la colle pour rustines de pneus de vélo. Elles n’ont pas tenu non plus.

Alors, en voyant la cassure, et en analysant, par le trou, le fonctionnement de l’articulation, il est devenu évident que je devais séparer les deux moitiés de l’espèce de sphère qui constitue l’articulation. Comme c’est celle de droite (par rapport à la poupée. C'est l'inverse sur la photo) qui bouge avec le bas de la jambe et celle de gauche qui est solidaire de la cuisse, j’allais probablement trouver le système de montage derrière l’espèce de pastille visible sur le côté "cuisse" de l’articulation.

... ... Ma première idée, c’était que cette pastille pouvait s’enlever, comme un couvercle, et que si j’y parvenais, ce serait la manœuvre la moins invasive.
J’ai donc percé un tout petit trou à la perceuse miniature (la mienne est un clone de la « Dremel »). Puis, j’ai fixé une petite vis dans ce trou, et j’ai tiré avec ma pince sur cette vis. Ca n’a pas fonctionné : j’ai tiré jusqu’à craindre de casser le côté droit de l’articulation, mais la pastille n’est pas sortie. Elle est soudée.

... ...

Etape 3: l'outillage !

La perceuse miniature :

Ca me paraît indispensable de l’utiliser avec la rallonge flexible qui fait partie des accessoires de la mienne. On peut faire sans, mais la rallonge flexible évite d’avoir la perceuse qui pèse sur la main, et surtout, qui encombre le champ de vision.

... Les « inconvénients » des perceuses miniature:

(1) Il faut changer la pince du mandrin à peu près chaque fois qu’on change l’outil qu’on y introduit : comme tout est petit, une différence d’un quart de millimètre dans le diamètre de la tige de l’outil impose le changement de pince.

...

(2) Elle tourne très vite (entre 10.000 et 35.000 tours/minute). Je suppose que c’est imposé par sa technologie, un petit moteur électrique n’a de puissance que lorsqu’il tourne vite (loi de l’énergie cinétique). Ca pose parfois des problèmes : quand on fore dans du plastique, si on appuie une seconde de trop, ce dernier fond, voire brûle en laissant sur le foret une boulette carbonisée qu’il faut enlever au cutter. Sans dire que si l’outil qu’on utilise n’est pas parfaitement rectiligne, à cette vitesse, on n’a plus aucune précision. Et ça bousille le trou qu’on essaie de faire. Dans ces cas-là, quand j’ai la place pour le faire, j’utilise ma grosse perceuse, qui, elle, peut tourner très lentement.


Les outils de la perceuse :


1. Les forets : dans ce genre de boulot, ceux que j’utilise ont un diamètre entre 2mm et 0,5 mm. Apparemment, ils ne sont pas spécialisés sur la matière, comme les « gros ».

2. Plusieurs petites meules : je n’ai jusqu’ici utilisé que les coniques (voir plus loin)

...
3. Cylindre à poncer il y a un « truc » pour faire tenir le papier abrasif sur le cylindre en caoutchouc : il faut serrer la vis qui apparaît au bout de l’outil. Lorsque c’est fait, ça vient à point pour « lisser » l’objet. Pour enlever de la matière, j’utilise le « X-Acto » ou une meule.

4. Petite brosse en fer. Aussi pour lisser, fin. Attention : à n’utiliser qu’équipé de lunettes de protection : à 15.000 tours, une des miennes a projeté en l’air la moitié de ses « poils » d’acier plus fins que des aiguilles !


Les autres outils :


1. Cutter type « X-Acto » avec une lame neuve. Moi, j’en ai deux : un vieux, ravagé, que j’utilise pour découper du carton, et un « tout beau tout neuf », que j’utilise pour « customiser » les poupées et les modèles réduits.
2. Un set de tournevis fins, de « moyen » à « très petit », plats et en croix.
3. Un assortiment de différentes petites vis, crochets, chevilles, …
4. Diverses colles et pâtes genre « putty » ou « Darwi », voire du silicone.

Etape 4: les choses sérieuses, la "vraie" action:

Comme l’extraction de la pastille a échoué, il ne me restait plus qu’à agrandir le trou déjà pratiqué, juste assez pour apercevoir le système de montage qui devait forcément se trouver dans cette demi-sphère. Pour éviter d’y aller trop profond et de provoquer des dégâts au dit système, j’ai agrandi le trou à l’aide d’une petite meule cônique.

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Résultat : Youppie ! le système de montage est une simple vis à entaille cruciforme, comme on le voit sur la photo. Et le trou était juste ce qu’il fallait pour l’atteindre avec mon tournevis. Donc, dépose de la demi-sphère cassée, qu’il me faudra rattacher à la jambe.

... C’est ici que je suis content que, chez nous, on garde des tas de petites vis et autres objets du même genre. Wendy me suggère l’idée de l’anneau à visser. Cette idée est parfaite.

Je trouve dans la « collection », le petit crochet qu’on voit ici.

... La tige est un peu courte, mais c’est le seul qui s’adapte (relativement) bien autour de l’axe de l’articulation (photo). Après une demi-journée de recherche, même au « Brico », je n’en trouve pas de la même dimension avec une tige plus longue. Alors, je décide qu’il fera l’affaire, en présumant que les deux millimètres d’enfoncement ne seront pas moins solides que la réparation précédente.

... Il y a une fraction de millimètre de jeu entre le crochet et l’axe. Je me dis que je devrais trouver de quoi le combler, mais bourrer l’endroit de Darwi, de Putty ou de silicone me semble exagéré.


...
En attendant de trouver, plus tard, ce qui va convenir, je décide de remonter l’articulation.
Le remontage se fait sans difficulté.

"The End"

Et voilà Nancy remise d'aplomb.

...
Sa jambe droite a un léger jeu au niveau du genou, mais ça ne se voit pas, et elle tient debout. On essaie l'articulation. Elle fonctionne, tient en place dans toutes les positions, exactement de la même façon que la jambe gauche.

Il est possible que Nancy doive subir une nouvelle opération, un jour (si les 2mm du petit piton ne tiennent pas), mais en attendant, elle est redevenue jouable et peut de nouveau monter son joli cheval.

En fait, c'était facile, non ?

« T'as d'beaux yeux, tu sais »

...

Marraine a écrit : ↑

07 nov. 2017, 16:21

Ou bien, mais après mûres réflexions, carrément lui changer sa jambe.

La jambe est emboîtée, en vinyle dur ! La démonter et en remonter une autre sans dégâts, à mon niveau, me semblait plus difficile.

Et puis, il faut trouver une jambe. Je m'étais demandé si, chez Famosa, ils vendaient des pièces de rechange. Je n'ai pas suivi la piste.

La réparation du genou que j'ai faite, c'était de la mécanique. Un peu comme de réparer un allumage de Mobylette: ça, c'est quelque chose que je connais. Ma réparation, ici, c'est du rafistolage, je suis d'accord .. mais, une fois la poupée remontée, ça ne se voit pas, et elle fonctionne comme quand elle avait ses deux jambes intactes, c'était l'objectif.

bravo pour la réparation. Ce système est très ingénieux.
Le plastique est beaucoup plus difficile à réparer que le celluloïd. J'ai eu moi aussi un problème avec un petit Bella qui avait la languette en plastique qui tient l'élastique de cassé, aucune des colles ne tenaient assez pour supporter la tension de l'élastique, j'ai finalement mis une vis en travers derrière la languette cassée et c'est sur la tige que l'élastique tient. Une fois les bras remontés on ne voit rien.

C'est le seul procédé qui fonctionne pour ce genre de réparation.
Heureusement pour Nancy, elle est en plastique épais !