Ukiyo Ningyô, Isho Ningyô, Oyama Ningyô et Fuji Musume

Sur certains types de poupées, sur la fabrication, sur les mécanismes, ...

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Svejk
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Ukiyo Ningyô, Isho Ningyô, Oyama Ningyô et Fuji Musume

Message par Svejk » 26 déc. 2011, 23:54

Petite introduction générale à l’identification des poupées traditionnelles japonaises.

Malgré mon intérêt pour le Japon et son histoire, je dois bien reconnaître que l’identification de ma petite poupée japonaise, que je vous présente ici, n’est encore et toujours pour moi, pur occidental, que le résultat provisoire d’un passionnant mais difficile décryptage des rites et traditions de ce pays qui, pour nous, gardera sans doute toujours une aura de mystère.
Pour commencer, on ne peut rien comprendre sans se construire au moins une vague idée de l’histoire du Japon telle que se la représentent les Japonais.
Pour situer les traditions japonaises – dans lesquelles les poupées ont tenu et tiennent encore aujourd’hui une place importante – il faut savoir que pour les Japonais, leur Histoire est construite sur des « ères », ou périodes. Le passage d’une ère à la suivante est marqué par un ensemble d’événements qui, pour les profanes que nous sommes, paraissent sans doute complexes ou mystérieux, qui tiennent à des modifications du système d’organisation politique du pays, à la faveur des successions d’empereurs, correspondant aussi à des modes, voire des changements de traditions.
Comble d’embrouille pour nous à qui l’Histoire fut enseignée de manière « linéaire », ces ères ne se suivent pas forcément : certaines en recouvrent d’autres, il faut voir cela un peu comme nous interprétons, dans notre histoire à nous, les styles architecturaux, avec de fréquents aller-retour dans la chronologie.

Ukiyo Ningyô (Poupées de costumes)

Les Ukiyo Ningyô sont une forme particulière des “Isho ningyô ». Ces poupées représentent toutes sortes de jeunes personnages de ce que le langage bouddhiste des 18ème et 19ème siècle appelait « Le Monde Flottant », celui de la nuit, des plaisirs, de la célébrité éphémère. Ce monde était réprouvé par la philosophie bouddhiste, mais les Ukiyo Ningyô qui le représentaient eurent du succès car cet univers plaisait aux jeunes gens. Elles furent donc produites en grand nombre lors de l’ère Genoku (1688-1703) comme poupées pour adultes, et certaines d’entre elles représentaient des personnalités populaires de l’époque.
Les Ukiyo Ningyô sont des poupées anatomiquement correctes, habillées de vêtements bien reconnaissables comme vêtements traditionnels, mais comme elles n’ont pas de rôle rituel, et qu’elles représentent plutôt la vie quotidienne plus ou moins « hors normes », les artistes qui les ont réalisées se sont, aussi, octroyé certaines libertés envers les normes.
Un article que j’ai lu mentionne le fait que les Ukiyo Ningyô ont en général des visages peu attrayants. Comme ce n’est manifestement pas le cas de ma petite poupée, j’hésite encore à la classer dans cette catégorie. Peut-être est-elle inclassable ?
Note à propos de la petite Ningyo "Misu" que vous voyez en photo ci-dessous: J'ai modifié son identification quelque temps après avoir écrit cet article: au moment où je l'écrivais, j'ai cru qu'elle était une représentation non conventionnelle de "Fuji Musumè" ( 藤娘 ) ou "Wisteria Maiden" (La Jeune Fille à la Glycine). C'était faire fi du sens Japonais des conventions lorsqu'il s'agit de représentations traditionnelles: une représentation non conentionnelle de "Fuji Musume", ça n'existe pas dans ce domaine. D'où les débats dans la suite de ce post. Mais alors, qui est "Misu" - que j'ai ainsi nommée tant qu'on ne sait pas qui elle est ? Au stade actuel (juillet 2012) je pense qu'elle a dû être une représentation du mystérieux "Fujikake Harukoma", "Danse du Cheval de Printemps", qui est un air de musique, mais aussi comme le nom l'indique, un spectacle de danse donné en l'honneur du printemps, dans lequel la danseuse est identifiée par le foulard rayé qu'elle porte autour du visage - ce qui justifie mon hypothèse - mais aussi par une marionnette en forme de tête de cheval. Ma petite "Misu" a probablement été dépossédée de cet accessoire qui m'aurait permis de l'identifier tout de suite sans aucun doute.
Fuji Musume (2).jpg
L’attitude de cette petite poupée, tenant une branche derrière la nuque, se retrouve sur des estampes dont l’origine remonte aux images traditionnelles de la ville d’Otsu (Otsu-e) vendues comme souvenirs et qui représentent « Fuji Musumè », « la Jeune Fille à la Glycine », personnage d’une scène de ballet très connue du théâtre Kabuki.

Note: Le personnage représenté par ma petite Ningyo est, à la différence de la plupart des autres, toujours soumis à controverse et au doute: le foulard rayé qui entoure son visage est celui que porte la danseuse de la "Danse du Cheval de Printemps", mais cette petite Ningyo ne possède pas l'autre accessoire typique de cette danse: la marionnette en forme de tête de cheval. A la place, elle tient une branche, à la manière de Fuji Musume .. mais ce n'est pas une branche de glycine .. qui est-elle ?

Le Kabuki, inventé au XVIIè siècle était à l’origine un spectacle de divertissement fantaisiste – peut-être même surréaliste avant la lettre (le nom vient de “kabuku” qui signifie “bizarre”), comprenant de la danse, du chant et du théâtre.
Le "Kabuku" d’origine comprenait des scènes érotiques qui furent la cible d’interdits gouvernementaux, mais ne disparut pas car il était très populaire : il fut ressuscité par des metteurs en scène qui en firent une des formes du théâtre classique japonais, mais réussirent à conserver son aspect excentrique dans l’extravagance des costumes et le côté ésotérique des scènes.

Les scènes de la jeune fille à la glycine, ne suivent pas de trame narrative définie, mais le thème ressemble fort à celui d’un ancien conte chinois, « la princesse à la glycine », rêve d’un jeune paysan qui voit apparaître une princesse lui demandant de l’épouser.

Le vêtement:

La petite Ukiyo Ningyô (20 cm) que je vous présente ici date des années 1960 (je ne pense pas qu'elle soit plus ancienne). Elle est faite à base de "Gofun" poudre à base de coquilles d'huîtres, servant aussi au maquillage. Sa tête est d'ailleurs maquillée en « gofun », avec les sourcils et la bouche peints à la manière traditionnelle : sourcils hauts placés et petites lèvres rouges bien nettes. Ses yeux sont en verre, et sur certaines poupées de ce type, ils donnent l'impression que la poupée "vous regarde du coin de l'oeil", quel que soit l'angle sous lequel vous-mêmes l'observez.

Elle porte un « Furisode », kimono de cérémonie des jeunes femmes célibataires, avec de longues pièces de tissu sous les manches, extérieur décoré de fleurs de grands papillons sur fond rouge, doublure intérieure rose, et un « Tsumami Kanzashi » (décoration de coiffure faite de fleurs artificielles composée suivant une technique traditionnelle). Je n’ai pas trouvé la signification de la pièce de tissu rayé qui lui entoure le visage (que j'ai vue aussi sur une estampe représentant un personnage du Kabuki), par contre, la grande pièce de tissu doré qu’elle porte par-dessus son vêtement, sur l’épaule droite, semble être la reproduction d'un de ces accessoires de costumes typiques du Kabuki: plus qu'un simple vêtement, le costume est réellement un des modes d'expression de cette forme de théâtre, où les costumes sont conçus pour pouvoir être modifiés en cours de spectacle, sur le principe du vêtement à couches multiples, de couleurs différentes et tranchées, le personnage "dévoilant" ainsi un sentiment, une émotion, en modifiant la couleur d'une partie de son costume.

Ces petites poupées sont aussi connues sous les noms de "Oyama Ningyô" d'après le nom du marionnettiste et créateur de poupées Jiro Saburo Oyama, et celles qui représentent des personnages du théâtre Kabuki, sous le nom de "Kabuki Ningyô". Il en existe de différentes "qualités", certaines, généralement plus grandes, sont de véritables oeuvres d'art. Les "soeurs" de la mienne, celles d'environ 20 cm étaient vendues, en assez grand nombre, je pense, et d'une qualité variable, comme "souvenir du Japon" dans les années 1950 et 1960. Si je peux en juger d'après les photos que j'ai vues jusqu'à présent (on en voit parfois à vendre sur E Bay), la mienne est une des plus jolies. .
Fuji Musume détail (1B).jpg
Quelques interprétations libres dont j'assume seul la responsabilité, juste pour le plaisir d'en parler: Si le costume est sans contestation celui de "Fuji Musumè", le Furisode est aussi porté par les jeunes femmes lors du « Seijin no Hi » (jour de la majorité), et son aspect enfantin et l'absence du grand chapeau noir de la Jeune Fille à la Glycine, me font penser que cette petite poupée pourrait représenter (pour autant que les traditions japonaises permettent ce genre de fantaisie) une fillette de sept ans, habillée dans le style de la « jeune fille à la glycine » pour la fête de « Shichi go san », fête des enfants de trois, cinq et sept ans, lors de laquelle (autrefois) les petites filles étaient parées de kimonos de cérémonie moins conventionnels que ceux des adultes, et d’une abondance d’ornements floraux. La forme de son vêtement date probablement du début du 20ème siècle : les vêtements portés par les enfants japonais actuels lors de « Shichi go san » sont devenus plus simples et surtout moins onéreux.
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Parsifal

Re: Ukiyo Ningyô, Isho Ningyô, Oyama Ningyô et Fuji Musume

Message par Parsifal » 30 déc. 2011, 21:48

C'est très intéressant mais il y a un truc qui choque mon esprit étriqué d'occidental.
La princesse à la glycine ne devrait elle pas porter une branche de glycine et non ce qui semble être une branche de cerisier ? Ce serait si cela existe une sakura musume
fujioshie[1].jpg


Cela dit j'ai dit cerisier par ce que je sais que le cerisier a une grande importance dans le
"folklore" japonais, mais je trouve que cette branche ressemble furieusement au rosier
botanique japonais rosa wichuraiana. :thinking1:
teriha-noibara[1].jpeg
Cette rose est appelée Teri hano ibara au Japon elle est à la source des plus beaux grimpants
modernes.
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Parsifal

LES POUPEES FOLKLORIQUES ET TRADITIONNELLES DU JAPON

Message par Parsifal » 31 déc. 2011, 11:25

J'ouvre ici un post sur les poupées japonaises en même temps qu'un débat sur la façon de les
présenter.
Svejk a proposé un post très intéressant qu'il convient de développer et approfondir.
Je voudrais qu'on puisse répondre à la question suivante

Comment aborder le sujet dans le musée des folkloriques?
Pour la France , on sait qu'il faut l'aborder sous l'angle des provinces historiques. En Espagne
j'ai pris de la parti de suivre l'organisation administrative actuelle qui calque les vieux royaumes,
mais pour les pays "exotiques" c'est plus difficile. Faut il envisager le Japon par préfecture ou par
époque (de Heian à Edo) ou d'un autre façon. Je connais , superficiellement, le sujet sous l'angle
des jardins et j'aimerai bien avoir votre avis. :super: :super: :super:

J'ouvre en reproduisant le post de Svejk

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Marraine
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Re: LES POUPEES FOLKLORIQUES ET TRADITIONNELLES DU JAPON

Message par Marraine » 31 déc. 2011, 15:16

Ce n'est pas des fleurs du Jasmin ou Citronelle? que l'on voit sur les repros? :thinking1:
j'en ai dans mon jardin et elles sentent :love2: terriblement bons!

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Svejk
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Re: Ukiyo Ningyô, Isho Ningyô, Oyama Ningyô et Fuji Musume

Message par Svejk » 04 janv. 2012, 14:43

Parsifal a écrit :C'est très intéressant mais il y a un truc qui choque mon esprit étriqué d'occidental.
La princesse à la glycine ne devrait elle pas porter une branche de glycine et non ce qui semble être une branche de cerisier ? Ce serait si cela existe une sakura musume

Cela dit j'ai dit cerisier par ce que je sais que le cerisier a une grande importance dans le
"folklore" japonais, mais je trouve que cette branche ressemble furieusement au rosier
botanique japonais rosa wichuraiana.
Cette histoire de branche de cerisier m'a pas mal intrigué lors de mes recherches sur l'identité de ma petite poupée: j'ai recoupé une série d'informations sur "Fuji Musumè", notamment pas mal de dessins et estampes, où l'on voit la jeune femme portant, tantôt effectivement une branche de glycine, tantôt une branche de ce qui apparaît, de façon plus ou moins évidente, comme une branche de cerisier. Par contre, dans la scène du Kabuki, elle évolue toujours dans un décor de glycines (plus ou moins stylisées)
Ce qui a, au départ, suscité mon intérêt, c'est d'abord que cette poupée est jolie et bien faite, mais aussi qu'elle représente un des aspects de la tradition japonaise: donc, qu'elle n'a pas été "bricolée n'importe comment".
Si je suis parvenu à situer ma petite poupée dans l'univers complexe des poupées traditionnelles japonaises, je n'ai pas encore pour autant répondu à toutes les questions: notamment à propos des significations symboliques de la glycine: en japonais, elle répond au nom de "Fuji", "mot" qui a manifestement une très grande importance en japonais, et dont le sens reste ambigu pour qui n'a pas passé quelques décennies au Japon (voir à ce sujet, la toponymie du "Mont Fuji" dans Wikipedia !).
Si tu peux nous éclairer sur la signification symbolique du cerisier, cela expliquerait pourquoi "Fuji Musumè" est représentée plus d'une fois sur deux - dans les représentations qui me semblent les plus intéressantes - avec une branche de cerisier.

Ceci dit, ton esprit n'est pas étriqué, il est simplement occidental. Notre civilisation est riche d'autant de codes, symboles ou rites, que celle des japonais, mais notre mentalité diffère de celle des japonais sur (au moins) deux points importants:
1. quand nous adoptons de nouvelles normes sociales, nous avons une furieuse tendance à jeter les anciennes à la poubelle, alors que les Japonais ont plutôt tendance à conserver les anciennes et à les accorder avec les nouvelles. Ce qui donne à la société japonaise cet aspect, à nos yeux, d'autant plus complexe qu'ils ont, aussi, adopté en partie et à leur manière, nos codes occidentaux (alors que nous n'avons adopté aucun code japonais, à part peut-être les sushis ??)
2. en irréductibles anarchistes que nous sommes, nous bafouons allègrement nos propres normes sociales, et pour les Japonais une telle attitude est profondément déshonorante. Voir "Stupeur et Tremblements" d'Amélie Nothomb.
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Re: LES POUPEES FOLKLORIQUES ET TRADITIONNELLES DU JAPON

Message par Svejk » 04 janv. 2012, 15:16

Parsifal a écrit :J'ouvre ici un post sur les poupées japonaises en même temps qu'un débat sur la façon de les
présenter.
Svejk a proposé un post très intéressant qu'il convient de développer et approfondir.
Je voudrais qu'on puisse répondre à la question suivante

Comment aborder le sujet dans le musée des folkloriques?
Pour la France , on sait qu'il faut l'aborder sous l'angle des provinces historiques. En Espagne
j'ai pris de la parti de suivre l'organisation administrative actuelle qui calque les vieux royaumes,
mais pour les pays "exotiques" c'est plus difficile. Faut il envisager le Japon par préfecture ou par
époque (de Heian à Edo) ou d'un autre façon. Je connais , superficiellement, le sujet sous l'angle
des jardins et j'aimerai bien avoir votre avis. :super: :super: :super:

J'ouvre en reproduisant le post de Svejk
L'article de Wikipedia sur "Les poupées traditionnelles japonaises" propose une classification reconnue, mais conventionnelle, académique, basée sur les "rôles" traditionnels des poupées et sur leur mode de fabrication (donc aussi leur apparence).
La solution la plus claire sur ce site, serait de s'inspirer de cette classification, mais de ne retenir que les catégories qui "nous" intéressent, et les développer.
Donc, sur le mode "classification rituelle", je retiendrais:
1. Hina Matsuri: incontournable: on ne peut pas parler des poupées traditionnelles japonaises en ignorant Hina Matsuri.
2. Ichimatsu Ningyô: parce que c'est la catégorie dans laquelle on retrouve un nombre impressionnant de poupées parmi les plus belles, beaucoup d'entre elles sont de véritables oeuvres d'art - elles se vendent d'ailleurs très cher - et que cette catégorie reprend aussi les poupées qui, dans la tradition japonaise, sont les plus proches des poupées occidentales décrites et commentées dans les autres rubriques de ce site.
3. Kimekomi Ningyô: parce que le mode de fabrication "Kimekomi" les rend typiques, qu'on en trouve beaucoup, qu'elles sont en général jolies, élégantes, bien faites et ont leur place dans les collections artistiques.
4. Ishô Ningyô ou "Ukiyo Ningyô": représentations "tous azimuts" de la vie traditionnelle japonaise, intéressantes par les personnages qu'elles représentent, et par la représentation artistique des codes vestimentaires. Cette catégorie au contenu plus varié que les autres, peut donc inclure plusieurs sous-catégories, comme les "Kabuki Ningyô". Cette catégorie comprend aussi, à la différence des autres catégories plus "codifiées", des poupées de niveaux de qualité divers, de la véritable pièce de musée, jusqu'au simple "souvenir du Japon" comme ma petite "Fuji Musumè".
Il existe encore une série d'autres catégories, comme par exemple les "poupées" (ce sont parfois de simples masques) relatives aux arts martiaux ou au théâtre "Nô", mais qui sont plus éloignées des centres d'intérêt de ce site.
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3dhelene

Re: LES POUPEES FOLKLORIQUES ET TRADITIONNELLES DU JAPON

Message par 3dhelene » 04 janv. 2012, 15:20

:] passionnant de vous lire ! :super:

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Re: LES POUPEES FOLKLORIQUES ET TRADITIONNELLES DU JAPON

Message par Wendy » 04 janv. 2012, 16:41

Ouiii, c'est vraiment très intéressant !
Moi, je ne connais ni la tradition japonaise, ni les poupées japonaises (je ne connais que les sushis), mais je ne demande qu'à apprendre et je suis donc avec grand intérêt cette discussion.
En ce qui concerne les fleurs, je ne pense pas qu'il s'agisse de roses, car le feuillage que l'on peut deviner ne correspond pas du tout à celui d'un rosier. Par contre, je ne suis pas sûre non plus qu'il s'agisse de cerisier... les cerisiers japonais ne sont-il pas roses ou parfois presque lilas ? Il me semble que les fleurs qu'elle porte dans sa coiffure pourraient être des fleurs de cerisier, mais pas la branche...
Est-ce que cela pourrait être du pommier, ou du cognassier ?

D'autre part, la classification proposée par Svejk me semble valable, bien que, encore une fois, je n'aie aucune idée de ce que cela implique...
J'attendrai donc que vous vous soyez mis d'accord sur les rubriques avant de les créer. :siffle:

Parsifal

Re: LES POUPEES FOLKLORIQUES ET TRADITIONNELLES DU JAPON

Message par Parsifal » 04 janv. 2012, 19:37

Je suis d'accord pour la branche , ce n'est pas une rose, mais c'est bien une fleur de rosacée, le cerisier n'est pas exclu car le prunus serrulata est blanc contrairement à beaucoup de cerisier "du japon" vendus chez nous. J'ai voulu voir une rose, mais je pense que la jeune fille ferait
la grimace si elle portait une branche de wichuraiana , il est très ... attachant comme rosier. :mrgreen:


Je pense qu'il faut rassembler plus de matière pour l'instant avant d'envisager de classer quelque chose. J'aimerai bien qu'Embellie et Chantlaroux qui sont passionnées par le sujet donne leur
point de vue.

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Re: LES POUPEES FOLKLORIQUES ET TRADITIONNELLES DU JAPON

Message par Svejk » 13 janv. 2012, 13:19

Un bel article sur les poupées dans la culture et dans la société japonaises .. sur un autre forum.
http://evilresin.xooit.com/t536-Petite- ... brides.htm
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Re: LES POUPEES FOLKLORIQUES ET TRADITIONNELLES DU JAPON

Message par Svejk » 15 janv. 2012, 03:56

Isho, Bijin, Ukiyo, Nishi ou Oyama ?

Dans l’article qui précède, j’ai classé ma petite « Fuji Musume » comme étant « Ukiyo Ningyô », ce qui n’est pas faux, je me documente assez pour ne pas raconter de bêtises, mais ça me laissait sur un doute car j’avais trouvé un certain nombre de ces poupées identifiées sous l’appellation de « Oyama Ningyô », et qu’en plus de ça, on parle assez rarement des « Ukiyo Ningyô », et beaucoup plus des « Isho Ningyô ».
Du coup, j’ai voulu tenter d’éclaircir cette matière touffue et j’ai fini comme il fallait s’y attendre, par rencontrer l’éternel cauchemar des classificateurs, celui de l’objet qui se retrouve forcément dans plusieurs catégories, jamais dans une seule.

Ainsi, ma petite Fuji Musume, comme des centaines d’autres, peut être placée dans presque n’importe laquelle des catégories que j’ai identifiées ci-dessous, tout dépend comment on la voit.

Mais cela m’a au moins permis de passer de bons moments distrayants, à regarder des poupées japonaises de toutes sortes, des merveilleuses et des moches, des émouvantes et des ridicules, et aussi, de concocter pour vous le petit catalogue de catégories qui suit, et qui, je l’espère, devrait vous permettre de commenter avec brio, devant vos amis, les poupées japonaises que vous pourriez rencontrer.

Remarquez que je n’expose ici qu’une partie très limitée du classement de l’incommensurable patrimoine japonais de la poupée : celle des poupées culturelles essentiellement féminines qui représentent la mode (vêtements et coiffures), les normes sociales et les personnages du « monde flottant » et du théâtre Kabuki, ces trois éléments étant inextricablement liés.

1. Isho Ningyô

Isho Ningyô = poupée de costume, poupée de mode : catégorie la plus large qui rassemble toutes les poupées décoratives illustrant l’art du vêtement. Donc, elle inclut les autres catégories. J’ai remarqué que l’appellation désigne surtout des personnages féminins, les personnages masculins sont généralement représentés dans d’autres catégories, notamment les « Takeda Ningyô » représentant des samouraïs.

2. Bijin Ningyô :

Bijin Ningyô = poupée représentant une jolie femme (beauty doll). Inspirées par les très nombreuses estampes « Ukiyo-e » représentant des « Bijin », et qui, outre le fait d’être des chefs d’œuvre artistiques, étaient aussi destinées à illustrer comment une femme devait être habillée, coiffée, quelles poses elle devait adopter pour être elle-même une « Bijin ». Un peu les gravures de mode de l’époque.
Voir http://www.kuniyoshiproject.com/A%20Col ... ted%29.htm

3. Ukiyo Ningyô :

Ukiyo Ningyô = poupée inspirée du Ukiyo-e = images du « monde flottant ». J’en ai déjà parlé. Si vous voulez en savoir plus, vous devez vous documenter sur le théâtre Kabuki, en sachant que le Kabuki est basé en grande partie sur le « Genji Monogatari », principal roman classique de l’histoire de la littérature japonaise, grande fresque romanesque aux innombrables personnages, incontournable pour quiconque veut vraiment connaître la culture japonaise.

4. Oyama Ningyô :

Oyama Ningyô (尾山人形) (parfois « Onnagata Ningyô », qui est ancien) = poupées représentant des personnages féminins du théâtre Kabuki, mais aussi des geishas (qui jouaient d’ailleurs des rôles au Kabuki). Le nom viendrait, d’après http://www.uchiyama.nl/ngjappoppen1nav.htm (site en néerlandais sur le Japon), de la ville d’Oyama où elles seraient fabriquées, et d’après Teruyo Morita, qui m’a avoué ne pas être vraiment une spécialiste, mais qui est tout de même Japonaise, du nom de leur créateur Jiro Saburo Oyama, qui est référencé, mais là, pour le moment, je coince car les sites qui parlent de lui sont en japonais. J’ai tendance à croire plutôt les japonais. Ou, peut-être que Jiro Saburo Oyama habitait à Oyama ..

5. Nishi Dolls

Nishi est une marque japonaise très réputée dans les années 1960, donc on trouve parfois les poupées de ce genre sous l’appellation « Nishi Dolls ». Mais on reconnaît immédiatement la qualité des poupées Nishi, qui se vendent d’ailleurs plutôt cher : environ 200 dollars pour les moins chères de celles qui se vendent, mais les plus belles sont si précieuses qu’elles ne se vendent pas. Pour celles et ceux que ça intéresse, voir sur le beau site de Jean Marc Paoli, http://www.jeanmarcpaoli.com/ningyo/origami.html et les autres pages consacrées aux poupées Nishi.

Accessoirement, on trouve aussi “Fuzoku Ningyô” qui semblent représenter des geishas, ou bien plutôt des personnages historiques
Modifié en dernier par Svejk le 20 janv. 2012, 18:46, modifié 1 fois.
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Re: LES POUPEES FOLKLORIQUES ET TRADITIONNELLES DU JAPON

Message par Wendy » 15 janv. 2012, 15:16

:super: Il me semble que déjà j'y vois nettement plus clair.

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Edith
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Re: LES POUPEES FOLKLORIQUES ET TRADITIONNELLES DU JAPON

Message par Edith » 15 janv. 2012, 17:12

merci svejk pour toutes ces infos passionantes :bisous:
comme on l'avait trouvé prés du ruisseau, abandonné en un somptueux berceau
à tout hasard on l'appelait princesse
georges brassens

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